lundi 30 mai 2011

La Véranda à La Grivelière O.Cafécao. Manifestation du 5 juin 2011.

 Présentation de La Véranda

Du haut de la vallée, je regardais la rivière en
colère, tel un serpent jaune, se faufilant à toute
vitesse prêt à bondir à tout moment sur sa proie.
Les pluies diluviennes de la nuit avaient gonflé les
torrents et augmenté leurs eaux.
À présent, on entendait la rivière gronder,
emportant tout sur son passage, délogeant d’énormes
roches qui se cognaient, se fracassaient en un
vacarme incessant. Branchages et arbres raclaient
le lit et poussaient sur les baies du gravier, élément
nécessaire à la construction des maisons en dur.
Cochons, cabris et vaches, le ventre gonflé
d’eau, virevoltaient comme des feuilles au-dessus
des bassins, puis fonçaient à toute vitesse emportés
par les courants, ne voulant point rater leur rendez-vous
avec la mer.
Quelques jours plus tard, la mer, comme un
estomac ayant trop mangé, les vomirait, tous sans
exception. On allait les retrouver sous un palétuvier
ou un raisin de mer, gisant sur les galets, la bedaine
au soleil et tendue comme un tambour, le corps
recouvert de mouches, les yeux prêts à exploser.
Puis, les vers allaient faire le reste jusqu’à ce qu’il
ne reste qu’os et cornes desséchés au soleil et
rongés par le sel. Ils prendraient alors des formes
bizarres, pointant le ciel tel des monuments et ne
manqueraient pas d’attirer l’attention des promeneurs
atterrés par leurs postures invraisemblables.
EXTRAIT DE "LA VÉRANDA"

dimanche 29 mai 2011

Le Marché de la poésie 29e édition.

Vendredi 27 se tenait la 29e édition du Marché de la Poésie Place Saint –Sulpice à Paris.
Le dimanche 29 dans un cadre chaleureux on pouvait au détour de certains stands faire la rencontre des poètes et écrivains venus dédicacer leurs derniers ouvrages.
Jean Metellus, poète et écrivain Haïtien , présentait en toute humilité et toute simplicité "Homme de plein vent, hommes de plein ciel" aux éditions de Janus stand 622 . Jean Metellus a obtenu en 2006 le Grand Prix international de Poésie de langue française Léopold Sédar Senghor et, en 2010, le Grand Prix de la Francophonie de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.
Les éditions Desnel en la personne de Suzanne Dracius présentait "Plumes Rebelles" une collection coordonnée par Suzanne Dracius martiniquaise et qui a reçu en 2010 le prix de la Société des Poètes français pour l'ensemble de son oeuvre.
Une 29e édition présentée sous un soleil éclatant pour le plus grand bonheur des lecteurs qui se sont précipités pour découvrir les auteurs connus ou inconnus. La présence de ces deux grands lauréats de la littérature antillaise confirme que cette littérature ne finit pas d'attirer de nombreux lecteurs et reste très défendable.
Un théâtre en plein air improvisé pour amuser les visiteurs rendait l'atmosphère beaucoup plus agréable. Un joueur de saxophone pour accompagner une lecture de poème. Car la poésie est belle, que lorsqu'on prend le temps de la lire haut et fort, en y mettant tout son cœur toute son âme.
Ce n'est pas un hasard alors si un podium central avait été installé pour accueillir les poètes qui récitaient leurs œuvres à un public attentif.
 L'atmosphère agréable qui régnait dans ces allées bondées de monde et l'enthousiasme des visiteurs à assister à cette manifestation explique son grand succès. Nous attendons donc la 30e qui à coup sûr nous surprendra.(Dominique Lancastre)

samedi 28 mai 2011

Le port aux parfums.

Rendu à la Chine par la Grande-Bretagne après 99 ans d'occupation. Alors, qu'on avait prédit une fuite des capitaux par peur du communisme et de la sévérité du pouvoir chinois. Il n'en fut rien.
Hong Kong a su garder son charme avec ses buildings narguant les grandes montagnes de Chine. L'un des plus grands ports d'Asie avec une circulation maritime toujours en effervescence. Hong Kong comme New York semble ne jamais dormir.
L'aéroport Kai Tak n'existe plus. Resté longtemps l'un des plus dangereux au monde avec les ailes du 747 passant entre des immeubles. Un autre aéroport flambant neuf a été construit, mais flottant. En fait, on atterrit sur la mer. Très répandu en Asie. Quand on n'a pas assez de terre, on grappille sur la mer. Hong Kong n'a pas échappé à cette règle.
Des ponts suspendus reliant les îles, des tunnels et des voies ferroviaires vous amènent au centre en un laps de temps court ; une technologie des plus bouillonnantes sur la planète. Ici, l'occident rencontre l'orient en un choc des plus exquis. Les touristes européens sont souvent ébahis par cette avancée technologique typique à l'Asie.
Les lumières incandescentes des panneaux publicitaires illuminent la ville, tel un jardin tropical. Elles donnent une impression de ville immaculée. Tout ce qui brille n'est pas or. Ce n'est qu'un leurre.
Cette ville est vraiment sale par endroits. Lorsqu'on prend le temps de lever les yeux au ciel en journée, des immeubles vétustes avec des fenêtres cassées et des barres de fer rouillées côtoient, des immeubles flambant neuf versions 21ème siècle. Sur les toits de ces immeubles certains, des familles ont vécu dans la vétusté à l'abri des regards. Pas de clochard dans les rues non plus. Paris, New York, San Francisco ont leurs clochards eh bien ici, non. On nous les cache.
Hong Kong compte un nombre important d'expatriés. Ici, les Anglais sont en majorité, mais il y a aussi une communauté française. La langue française est bien représentée par l'Alliance Française Hong Kong à Kowloon qui possède une très belle médiathèque. Marlène une des charmantes responsables de la médiathèque vous fera un plaisir de vous présenter les activités autour de la langue française à Hong Kong.
En cas de séjour prolongé, les inconditionnels de la lecture, la « Librairie Parenthèses » avec sa charmante responsable Madeline Progin originaire du Jura fait Chevalier de l'Ordre des Arts et Lettres, vous accueille au 14 Wellington Street dans l'île de Hong Kong, dans un quartier très vivant. Une librairie dont de nombreux écrivains connus n'hésitent pas à venir signer leur dernier roman. Une Librairie très bien achalandée que je vous conseille.
Vous y trouverez de nombreuses informations sur les activités culturelles à Hong Kong. En ce moment à Hong Kong et aussi à Macau, c'est le French May Arts Festival 2011 qui regroupe le théâtre, le cinéma, le Visual art, la dance visuelle, la mode, multi art-performance.
Importante place financière, les centres d'affaires ont envahi la presqu'île ou des tours majestueuses ont poussé comme des champignons. Une balade de Wellington Street en remontant Queens Road, vers le Hennessy Road jusqu'à Causeway Bay, vous permettra d'admirer des rues marchandes colorées ou mille parfums d'épice, de fruits étranges tels les Dragons fruit et aux senteurs particulières asiatiques.
Des canards laqués suspendus, du porc laqué. Tout ce mélange vous mettra en appétit. Mais, de restaurants ce n'est pas ce qui manque à Hong Kong. Cela va du restaurant Thai l'un de mes préférés en cuisine asiatique, au chinois typique.
À la nuit tombée une fourmilière de personne se déverse à Causeway Bay. Ceux qu'on appelle les Main Land Chinese débarquent de je ne sais quelle province lointaine de Chine, on les reconnait à la façon rustre de leur comportement à la limite de l'impolitesse et pas toujours avenant envers les touristes.
Les restaurants se remplissent, on fait la queue pour une table dans ces restaurants. Parfois, de véritables grandes cantines. On comprend mieux qu'il vaut mieux vivre dehors que dedans. On ne rentre que pour dormir et coller la tête au petit écran.
Pour un jogging matinal, le Victoria Park vous attend où vous pourrez courir tout en admirant les magnifiques arbres tropicaux. Un privilège lorsqu'on constate le nombre important de bâtiments qui ornent cette ville qui semble vouloir conquérir le monde par le haut.
Beaucoup de magasins voir de restaurant se trouvent en étage avec des adresses commençant par G/F ou 2/F ou 3/F rez-de-chaussée, deuxième étage, troisième étage. Alors, si vous cherchez quelque chose de bien précis ne soyez pas étonné de tourner en rond en voulant à tout prix retrouver une devanture qui n'existe pas.
Hong Kong, de son vrai nom chinois, le port aux parfums, ne finit pas d'émerveiller et de conquérir les visiteurs qui partent avec la ferme intention d'y revenir pour y découvrir un coin de rue, un autre bâtiment, un autre building toujours extraordinaire et dont les lumières incandescentes fusent chaque nuit en une farandole de couleurs.







jeudi 26 mai 2011

EUZHAN PALCY TRIBUTE

Le 14 mai dans le cadre du Festival international du film de Cannes, Frédéric Mitterrand a rendu hommage à Euzhan Palcy, dont le film Rue Cases-Nègres est présenté dans la sélection Cannes Classics. Euzhan Palcy. Réalisatrice, scénariste et productrice, E...uzhan Palcy est née en 1958 en Martinique. La découverte du roman de Joseph Zobel, La rue Cases-Nègres, sur la Martinique des années trente, et l’envie grandissante de le mettre un jour en image, sera à l’origine de sa vocation de cinéaste.

 l’hommage à Euzhan Palcy.

Pour un chanteur, un écrivain, un acteur, un réalisateur, les couronnements sont d’une grande importance et arrivent souvent en retard pour infirmer ce que le public a déjà confirmé. Alors, il n’est pas étonnant qu’ils ou elles montent sur scène pour recevoir, une médaille, un prix, une récompense qui aussi flashant qu’ils puissent paraître laisse parfois le chanteur, l’écrivain, l’acteur, le réalisateur un peu perplexe devant tant d’applaudissements et de considération. Ils ou elles versent souvent une larme, la gorge serrée par tant d’honneur arrivé si tard. Une humble larme qui souligne en faite la joie de cette reconnaissance par un public plus restreint d’un comité parfois très injuste dans leur décision d’attribution de prix. Souvent petits prix entre amis pour grande récompense. Un gâteau partagé en comité restreint.

 Nous assistons depuis quelques semaines, année de l’Outre-mer oblige, à une recrudescence de félicitations à Euzhan Palcy courageuse réalisatrice confirmée adulée par ses compatriotes depuis bien longtemps, pour avoir porté à l’écran l’œuvre de Joseph Zobel , la Rue Cases Nègres et d’autres œuvres tout aussi extraordinaires.

Serions-nous alors dans le cadre à qui sait attendre, tout arrive. Dans un tout autre registre qui ne manque pas de faire sourire. On avait entendu pour Barack Obama qu’il avait le temps et il pouvait attendre encore un peu avant de se présenter comme président des États-Unis.
Aurions-nous été en attente alors de quelque chose ? Serions-nous rentrés dans l’air de reconnaissance des talents des Ultra-marins orchestrés dans une bamboula de festivités d’année de l’outre-mer vouée au tiroir.

 L’escalade des reconnaissances à laquelle nous assistons en ce moment en France me fait penser sensiblement à une sorte Affirmative Action mal clonée . La recrudescence de reconnaissance est une bonne chose, mais j’en redoute l’effet néfaste, un certain air « d’ Affirmative Action » ( discrimination positive qui a consisté aux USA à augmenter la représentation des minorités dans des secteurs clés). Un système qui connut au final un effet pervers. En un mot, on risque d’avoir en retour:

 « On a parlé de vous pendant une année. Maintenant, ça suffit »

Euzhan Palcy est une grande dame et une combattante du cinéma antillais qui d’après ce que j’ai cru comprendre à travers des nombreux reportages qu’elle a même donné. Elle s’est heurtée à de nombreuses difficultés pour faire valoir son savoir-faire et elle continue d’en subir puisque je cite :

« Je passe plus de temps à courir à trouver des fonds pour mes projets et convaincre …. »

Lorsqu’on a déjà une belle reconnaissance au pays du cinéma( USA) devrait on avoir autant de difficultés sur le territoire français à moins d’un problème plus subtil que nous connaissons tous, nous ultra marins. Les acteurs antillais ont beaucoup de talent et vouloir les cantonner à de second rôle en permanence est une forme de discrimination subtile dont le cinéma français devrait avoir honte. Car, si de l’autre côte de l’atlantique on a voulu les classer dans la case du bouffon du roi dans des comédies. Ils ont réussi à percer et se faire une place dans le monde du cinéma ( Denzel Washington est loin d’être un bouffon du roi). Euzhan Palcy mérite cette reconnaissance qu’on lui accorde actuellement, mais arrive un peu trop tard, je crois. J’ose espérer que cette reconnaissance ne finisse pas dans les méandres de l’année de l’outremer. Car le public l’avait déjà couronnée et il n’y a rien de meilleur que le couronnement par un public. La preuve, nous avons pu glaner quelques réactions :
Nikki Elisé, plasticienne guadeloupéenne dit: « Une grosse pensée à l'acteur qui joue le petit garçon du film ! Il a bien grandi, mais il est toujours aussi charmant »
Un peintre antillais dit: « Tout le monde en parle chez nous, tout le monde l'a vu, mais rares sont ceux qui peuvent me redire la fameuse phrase inscrite, blanc sur noir sur le tableau. »
 Une rédactrice répond : « L'instruction est la clef qui ouvre la deuxième porte de notre liberté..."
 « Mais ma préférée reste quand même : "demain, je vais retourner à Fort-de-France ,en emmenant avec moi ma rue Case-Nègre"...
Maya Mephon rédactrice en chef du magazine Trendy's  qui a étudié au Canada dit:« La 1ère fois que j'ai vu ce film, au cinéma Rex, il y a très longtemps, je n'ai pas compris pourquoi les spectateurs se sont esclaffés quand Josué a lavé les pieds de sa grand-mère...moi je n'y voyais que l'hommage d'un petit-fils aimant à une vie de sacrifices et de misères pour qu'il se sorte de la canne...pourquoi riaient-ils ? Je me pose encore la question...
 Un peintre Antillais vivant à bordeaux note :« Rassure-toi aujourd'hui 80% de la salle ne peut que s'émouvoir devant une telle scène, alors que la violence est quotidienne chez nous. C'est nous et c'est comme ça. Nous sommes encore bien classés parmi les pays qui se penchent sur le sort ...des êtres frappés par les catastrophes.......Je n'oublierai jamais que tout jeune Garry avait signé avec d'autres une pétition pour la libération d'un prisonnier politique BEL ZO yo té vlé sisé mwèl ay anfin bwèf !!! »
Jean Claude Placide souligne: « À cette époque (1983), il y avait tant à voir, à entendre; à connaître et à nous reconnaître dans ces images, ces manières d'être, cette histoire, la nôtre. Certains, afin de bien assimiler la charge émotionnelle ont vu et revu ce film avec à chaque fois la même affection. ».
Selon Alex J. Uri journaliste antillais ayant exercé en France et aux Etats Unis:
 « C'est une personnalité (Euzhan Palcy)qui devrait inspirer nos jeunes générations. Dans ce domaine du cinéma ou de la télévision, les professionnels ultramarins ne sont pas toujours bien traités notamment quand ils font preuve de compétence, d'imagination et d'indépendance d'esprit. »
Une lectrice guadeloupéenne dit: « Je ne me lasse jamais de revoir ce film!!!Belle œuvre..... »
 Et nous ne lasserons de regarder Euzhan Palcy et de la remercier pour son courage et sa détermination. (Dominique Lancastre)

vendredi 20 mai 2011

PATRICIA LARANCO

COUP DE FOUDRE
Et soudain
c'est le grand bang-bing,
c'est la montée
du mascaret;
deux êtres cloués, statufiés,
deux regard aimantés,
fondus.
C'est la faille qui s'ouvre sous
leurs pieds, le tout premier
matin
plus clair que celui
le plus clair
le reste du monde est exclu,
l'âme se met à
fourmiller
telle un ardent rayon de miel,
ils n'en croient pas
leur perception
de déchirure sans appel.
C'est comme si ils
découvraient
qu'il n'est qu'Elle,
qu'il n'est que Lui
pour conjurer cet incomplet
qu'on a tous au dedans de nous.
Ils sont fauchés, ils sont frappés
d'une inextinguible stupeur
face à cet arrêt
du Destin
aux allures de
couperet
les voici
captifs de l'instant
qui n'en finit pas de durer,
qui désormais les retiendra
pour un temps qui parait "toujours"
entre ses serres de vautour;
ils tremblent :
liberté se perd !
                        (Patricia Laranco)