jeudi 26 mai 2011

EUZHAN PALCY TRIBUTE

Le 14 mai dans le cadre du Festival international du film de Cannes, Frédéric Mitterrand a rendu hommage à Euzhan Palcy, dont le film Rue Cases-Nègres est présenté dans la sélection Cannes Classics. Euzhan Palcy. Réalisatrice, scénariste et productrice, E...uzhan Palcy est née en 1958 en Martinique. La découverte du roman de Joseph Zobel, La rue Cases-Nègres, sur la Martinique des années trente, et l’envie grandissante de le mettre un jour en image, sera à l’origine de sa vocation de cinéaste.

 l’hommage à Euzhan Palcy.

Pour un chanteur, un écrivain, un acteur, un réalisateur, les couronnements sont d’une grande importance et arrivent souvent en retard pour infirmer ce que le public a déjà confirmé. Alors, il n’est pas étonnant qu’ils ou elles montent sur scène pour recevoir, une médaille, un prix, une récompense qui aussi flashant qu’ils puissent paraître laisse parfois le chanteur, l’écrivain, l’acteur, le réalisateur un peu perplexe devant tant d’applaudissements et de considération. Ils ou elles versent souvent une larme, la gorge serrée par tant d’honneur arrivé si tard. Une humble larme qui souligne en faite la joie de cette reconnaissance par un public plus restreint d’un comité parfois très injuste dans leur décision d’attribution de prix. Souvent petits prix entre amis pour grande récompense. Un gâteau partagé en comité restreint.

 Nous assistons depuis quelques semaines, année de l’Outre-mer oblige, à une recrudescence de félicitations à Euzhan Palcy courageuse réalisatrice confirmée adulée par ses compatriotes depuis bien longtemps, pour avoir porté à l’écran l’œuvre de Joseph Zobel , la Rue Cases Nègres et d’autres œuvres tout aussi extraordinaires.

Serions-nous alors dans le cadre à qui sait attendre, tout arrive. Dans un tout autre registre qui ne manque pas de faire sourire. On avait entendu pour Barack Obama qu’il avait le temps et il pouvait attendre encore un peu avant de se présenter comme président des États-Unis.
Aurions-nous été en attente alors de quelque chose ? Serions-nous rentrés dans l’air de reconnaissance des talents des Ultra-marins orchestrés dans une bamboula de festivités d’année de l’outre-mer vouée au tiroir.

 L’escalade des reconnaissances à laquelle nous assistons en ce moment en France me fait penser sensiblement à une sorte Affirmative Action mal clonée . La recrudescence de reconnaissance est une bonne chose, mais j’en redoute l’effet néfaste, un certain air « d’ Affirmative Action » ( discrimination positive qui a consisté aux USA à augmenter la représentation des minorités dans des secteurs clés). Un système qui connut au final un effet pervers. En un mot, on risque d’avoir en retour:

 « On a parlé de vous pendant une année. Maintenant, ça suffit »

Euzhan Palcy est une grande dame et une combattante du cinéma antillais qui d’après ce que j’ai cru comprendre à travers des nombreux reportages qu’elle a même donné. Elle s’est heurtée à de nombreuses difficultés pour faire valoir son savoir-faire et elle continue d’en subir puisque je cite :

« Je passe plus de temps à courir à trouver des fonds pour mes projets et convaincre …. »

Lorsqu’on a déjà une belle reconnaissance au pays du cinéma( USA) devrait on avoir autant de difficultés sur le territoire français à moins d’un problème plus subtil que nous connaissons tous, nous ultra marins. Les acteurs antillais ont beaucoup de talent et vouloir les cantonner à de second rôle en permanence est une forme de discrimination subtile dont le cinéma français devrait avoir honte. Car, si de l’autre côte de l’atlantique on a voulu les classer dans la case du bouffon du roi dans des comédies. Ils ont réussi à percer et se faire une place dans le monde du cinéma ( Denzel Washington est loin d’être un bouffon du roi). Euzhan Palcy mérite cette reconnaissance qu’on lui accorde actuellement, mais arrive un peu trop tard, je crois. J’ose espérer que cette reconnaissance ne finisse pas dans les méandres de l’année de l’outremer. Car le public l’avait déjà couronnée et il n’y a rien de meilleur que le couronnement par un public. La preuve, nous avons pu glaner quelques réactions :
Nikki Elisé, plasticienne guadeloupéenne dit: « Une grosse pensée à l'acteur qui joue le petit garçon du film ! Il a bien grandi, mais il est toujours aussi charmant »
Un peintre antillais dit: « Tout le monde en parle chez nous, tout le monde l'a vu, mais rares sont ceux qui peuvent me redire la fameuse phrase inscrite, blanc sur noir sur le tableau. »
 Une rédactrice répond : « L'instruction est la clef qui ouvre la deuxième porte de notre liberté..."
 « Mais ma préférée reste quand même : "demain, je vais retourner à Fort-de-France ,en emmenant avec moi ma rue Case-Nègre"...
Maya Mephon rédactrice en chef du magazine Trendy's  qui a étudié au Canada dit:« La 1ère fois que j'ai vu ce film, au cinéma Rex, il y a très longtemps, je n'ai pas compris pourquoi les spectateurs se sont esclaffés quand Josué a lavé les pieds de sa grand-mère...moi je n'y voyais que l'hommage d'un petit-fils aimant à une vie de sacrifices et de misères pour qu'il se sorte de la canne...pourquoi riaient-ils ? Je me pose encore la question...
 Un peintre Antillais vivant à bordeaux note :« Rassure-toi aujourd'hui 80% de la salle ne peut que s'émouvoir devant une telle scène, alors que la violence est quotidienne chez nous. C'est nous et c'est comme ça. Nous sommes encore bien classés parmi les pays qui se penchent sur le sort ...des êtres frappés par les catastrophes.......Je n'oublierai jamais que tout jeune Garry avait signé avec d'autres une pétition pour la libération d'un prisonnier politique BEL ZO yo té vlé sisé mwèl ay anfin bwèf !!! »
Jean Claude Placide souligne: « À cette époque (1983), il y avait tant à voir, à entendre; à connaître et à nous reconnaître dans ces images, ces manières d'être, cette histoire, la nôtre. Certains, afin de bien assimiler la charge émotionnelle ont vu et revu ce film avec à chaque fois la même affection. ».
Selon Alex J. Uri journaliste antillais ayant exercé en France et aux Etats Unis:
 « C'est une personnalité (Euzhan Palcy)qui devrait inspirer nos jeunes générations. Dans ce domaine du cinéma ou de la télévision, les professionnels ultramarins ne sont pas toujours bien traités notamment quand ils font preuve de compétence, d'imagination et d'indépendance d'esprit. »
Une lectrice guadeloupéenne dit: « Je ne me lasse jamais de revoir ce film!!!Belle œuvre..... »
 Et nous ne lasserons de regarder Euzhan Palcy et de la remercier pour son courage et sa détermination. (Dominique Lancastre)

2 commentaires:

  1. Un tel hommage à notre cinéaste Euzhan Palcy
    n e peut être qu'honoré ; Oui, on a l'impression que cela s'est passé hier alors que cela fait déja presque 20 ans ; que de cheminS parcouruS depuis pour cette cinéaste qui a fait largement ses preuves avec un film de cette qualité; esperons que cet hommage représente un début d'une reconnaissance sans faille. Bravo Euzhan pour ta passion
    Nadine

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  2. Je suis immensément fière que cette femme nous représente de façon aussi exceptionnelle. Je pense qu'elle remplit là parfaitement sa mission. Quand on est auteur,réalisateur, poète écrivain artiste musicien, comédien et aussi talentueux on se doit de mettre tout ou partie de ce don au service des siens. Merci mille fois Euzhan. Merci aussi à Garry Cadenat de son talent et de l'amitié dont il m'honore.Merci à toi Dominique d'oeuvrer aussi en ce sens. Amitiés

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